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LUTHER (un film biographique sur le réformateur Martin LUTHER)

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Luther


LUTHER (1483-1546) : lutteur de l'esprit - Une critique cinématographique du film Luther, joué par Joseph FIENNES (2003)

LUTHER doublé en français.
LUTHER, moine et docteur en théologie né au 15e siècle, ne doit pas être confondu avec le pasteur américain noir (Martin LUTHER King) assassiné. Le second prénom (LUTHER) du réformateur social américaine est justement donné en l'honneur du réformateur allemand. Le film n'est ni un cours sur l'Histoire, ni un documentaire historique. Si les cours d'histoire étaient aussi animés, les salles de classes seraient bondées. En fait, LUTHER joué par Joseph Fiennes se veut le récit rythmé d'une aventure biographique. Heureusement, on ne se perd pas dans un dédale de «flashbacks», souvent trop utilisés dans ce genre de récit. La mise en scène relate la chronologie mouvementée d'une partie de la vie d'un homme instruit, fils de riche qui se dirige vers le droit et l'élite, mais qui se fait moine, à la grande désapprobation de son paternel. Le récit cinématographique s'ouvre sur ce moment de sa vie et couvre la période jusqu'à la Confession d'Augsbourg (ou Augsburg, ville allemande). L'adoption de cette déclaration de foi pave la voie à la création d'une Église réformée dite luthérienne.

Les événements correspondent aussi avec la naissance du protestantisme qui se développe a peu près simultanément partout en Europe avec des réformateurs comme Martin LUTHER, Jean CALVIN, Ulrich SWINGLI, Menno SIMONS et d'autres. "Protestant" est donc évidemment le regard des autres sur eux; le terme utilisé par leurs opposants. C'est le mouvement désigné comme La Réforme, à distinguer de la naissance de l'anglicanisme qui arrivera plus tard dans un autre contexte.

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Le théologien exerce son influence durant la période contemporaine du pape Léon X, qui a été nommé cardinal dès l'âge de 13 ans. Indomptable lutteur de l'esprit et homme de conviction qui ne peut aller contre sa conscience personnelle et contre les Évangiles, LUTHER découvre les anciens textes des épîtres et des évangiles en raison de ses connaissances linguistiques. Il peut les lire sans le filtre de la puissante et politisée Église de cette période suivant immédiatement la fin du Moyen Âge. Suivant un procédé universitaire courant à son époque, il placarde ses 95 thèses (affirmations) à la porte de l'église de Wittenberg pour convier au débat public.

En ces années de la Renaissance où les intellectuels s'opposent au clergé, mais non aux principes des évangiles, les intellectuels s'emparent du texte et le publient. Rappelons le contexte: la technique de l'imprimerie a été améliorée depuis peu par Gutenberg, à qui l'on doit la naissance de la typographie dite moderne, qui utilise dès lors, des caractères de plomb amovibles. L'information écrite peut maintenant être copiée et multipliée à un rythme accéléré et voyager très vite dans les villes alentour. Avec la contestation publique de LUTHER, une rumeur monte jusqu'au pape. L'Europe entière entend parler de l'affaire. Bientôt, le pouvoir prévoit ne faire qu'une bouchée de ce moine, tout comme avant lui, d'autres ont été éliminés au sens vrai du terme ou forcés de se rétracter sous la menace. L'opposition prend parfois le chemin des débordements d'une haine démente (bûcher, torture, décapitation, bannissement, ...). Mais généralement, les choses se règlent avec la menace d'excommunication qui équivaut à une mort sociale et économique. Certains disciples radicaux de LUTHER répondront par la violence à l'opposition acharnée. Le théologien qui prône le changement dans la paix et les débats, les désapprouvera publiquement.

LUTHER donnera à l'Allemagne, la première traduction du Nouveau Testament dans la langue du peuple.
LUTHER (à droite) avec son mentor spirituel et père en Christ, le moine augustinien Johann von Staupitz. Crédits photo: Eric Till, réalisateur du film LUTHER (2003).
Luther mis en accusation est sommé de se rétracter à Worms.
Un film incontournable pour parfaire sa culture occidentale

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Le film retrace les faits, les émotions, les dérives de ceux qui n'ont pas compris ses idées et enfin, les complots dont sont capables les pouvoirs et alliances publiquement contrariés. Mais on y voit aussi leur contrepartie prête à l'auto-examen. Parlant de gens contrariés dans leurs idées reçues, en lisant certaines critiques du film, je constate que des intellos d'aujourd'hui ont la même ouverture que les cardinaux de l'époque. Ils prétendent en plus, connaître l'histoire de l'Église et du mouvement chrétien dit "protestant" (en réalité réformateur), mais il ne la connaissent que par ses adversaires ou encore, par une dénomination de leur contexte immédiat. Ils ont lu les athées contemporains ou les auteurs allemands qui ont nourri le IIIe Reich et bu son vin, mais n'ont jamais lu une seule fois le Nouveau Testament au complet. Cela manque à la culture de ces "Oxydentaux". Ils ignorent par exemple, que les principes des Évangiles appliqués ont facilité la voie à la démocratie, à l'abolition de l'esclavagisme, à la création d'oeuvres comme la Croix-Rouge, la Convention de Genève des prisonniers de guerre, les soins médicaux gratuits pour les pauvres, l'instruction gratuite des enfants, ou encore, aux premiers YMCA qui ont donné vie aux premiers camps pour jeunes et à l'invention d'un nouveau sport (au Canada) qui sera plus tard perfectionné sous le nom de basketball. Moi aussi, je pourrais apprendre à connaître ces mêmes critiques par les témoignages bien sélectionnés de ceux qui les haïssent, mais ce ne serait pas là une preuve d'intelligence, n'est-ce pas?

Durée approximative : 124 minutes

Année de sortie : 2003 (v.o.a); 2008 pour la version en français

Auditoire suggéré : 13 ans et plus (en raison d'un certain langage et de certains thèmes abordés), mais je crois qu'avec un accompagnement minimal des parents, on peut écouter ce film à 11 et 12 ans. Il suffit d'aimer les films historiques et d'être mis un peu en contexte. Les jeunes voient souvent pire dans les autres films ou aux bulletins de nouvelles.

Acteurs :

Joseph FIENNES (Martin Luther)
Jonathan FIRTH (Girolamo Aleandro)
Claire COX (Katharina Luther, née Von Dora)
Sir Peter USTINOV (prince Frederick)
Brunon GANZ (Johann von Staupitz de l'ordre des Augustiniens, protecteur et mentor spirituel de LUTHER; celui qui fut son père en Christ)
Alfred MOLINA, le dominicain Johann Tetzel, célèbre prédicateur et commissaire des indulgences; celui dont le slogan était «Sitôt l'argent tinte dans la caisse, sitôt l'âme saute hors du Purgatoire».

Scénariste : Eric TILL

Bande Annonce de LUTHER, 2003, en version originale anglaise
(un doublage en français a été produit)


Thème musical (extrait) en images du film LUTHER, 2003, (avec Joseph FIENNES)


Conclusion

Sans être un chef-d'oeuvre, LUTHER est un très bon film à voir... pour compléter notre culture occidentale, dans la même optique que le film La Grâce du Ciel (Amazing Grace). L'impact de LUTHER et des autres réformateurs en Europe, a largement dépassé le protestantisme. Mon seul petit reproche concerne l'aspect parfois trop caricatural de quelques personnages. Par moment, on dirait que certaines scènes ou personnages secondaires sont une version pour le théâtre. Mais on peut... pardonner ces aspects de la mise en scène au film. Ce genre de film historique a toujours un budget limité.



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